Janvier 2022
Actualités
Les salariés d’EDF sont en grève contre la demande de l’Etat de vendre 20 térawattheures (TWh) supplémentaires à ses concurrents à 46,20 euros par MWh afin de réduire la facture d’électricité des ménages et des entreprises. Ils considèrent que cette mesure pourrait menacer la santé économique du groupe, car elle coûtera de l’ordre de 8 milliards d’euros sur son excédent brut d’exploitation 2022. « C’est une décision totalement aberrante, prise sans en mesurer les conséquences à long terme. Elle va considérablement fragiliser EDF », jugeait Eric Kozlowski, délégué syndical CFE-CGC à la centrale nucléaire de Golfech. Pour lui, d’autres solutions existent, comme une TVA ramenée à 5,5 % sur le prix de l’électricité, « mais visiblement, aucune autre piste n’a été étudiée par le gouvernement ».
Pour honorer sa promesse de limiter à 4 % l’augmentation des tarifs réglementés de l’électricité en 2022 et préserver le pouvoir d’achat des industriels et particuliers en pleine flambée des cours de l’énergie, le gouvernement a demandé le 14 janvier à EDF d’augmenter le volume d’électricité nucléaire vendu à ses concurrents cette année, pour le faire passer de 100 à 120 térawattheures (TWh). En d’autres termes, 20 TWh d’électricité nucléaire supplémentaire viendront s’ajouter aux 100 TWh déjà attribués en décembre 2021. Bruno Le Maire a expliqué au quotidien Le Parisien que le prix des volumes additionnels sera fixé à 46,20 euros par MWh. De plus, Le communiqué de presse du Ministère de la transition écologique précise que “les volumes seront accessibles à tous les consommateurs, particuliers, collectivités comme professionnels, via leur fournisseur selon des modalités qui seront précisées très prochainement”. Les volumes seront attribués pour la période allant du 1er avril au 31 décembre 2022.
Bruno Le Maire a affirmé que le gouvernement s’assurera que les fournisseurs répercutent bien l’intégralité de la baisse des prix sur le consommateur final .
Sans intervention du gouvernement, un grand nombre d’entreprises françaises auraient pu fermer en raison de la flambée des prix de l’électricité, et des dizaines de milliers d’emplois auraient été menacés, a estimé le ministère de l’Industrie.
Cependant plusieurs incertitudes planent sur les modalités de mise en œuvre de la mesure. En plus, EDF et le gouvernement ne semblent pas être sur la même longueur d’onde.
Le fournisseur britannique d’énergie renouvelable Octopus Energy va racheter le français Plüm énergie et vise un million de clients en France d’ici 2025. Les deux entreprises indiquent que l’acquisition à « plusieurs millions d’euros » attendue pour la fin janvier « est soumise à l’approbation finale du ministère de l’Economie et des Finances ». Plüm énergie compte près de 100.000 clients : particuliers, grandes entreprises ou collectivités locales, comme la Ville de Paris (voir le site du fournisseur).
Le président américain Joe Biden et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ont affirmé dans une déclaration commune que « Les Etats-Unis et l’UE travaillent conjointement à assurer un approvisionnement continu, suffisant et ponctuel de gaz naturel à l’UE depuis diverses sources à travers la planète pour éviter des chocs d’approvisionnement, y compris ceux qui pourraient résulter d’une nouvelle invasion russe de l’Ukraine ».
Victoria Nuland, la numéro 3 de la diplomatie américaine, a déclaré devant la presse « nous continuons nos conversations très fortes et claires avec nos alliés allemands et je veux être claire avec vous aujourd’hui : si la Russie envahit l’Ukraine, d’une manière ou d’une autre, Nord Stream 2 n’ira pas de l’avant ». D’ailleurs, Annalena Baerbock, la cheffe de la diplomatie allemande, indique que l’Allemagne est en train de travailler sur un paquet de sanctions fortes avec les alliés occidentaux, qui incluent le gazoduc germano-russe controversé Nord Stream II
La Commission de régulation de l’énergie (CRE) a pris la décision de rejeter la demande de GridLink présentée dans le cadre du règlement européen relatif aux infrastructures énergétiques transeuropéennes. Pour rappel, GridLink est un projet privé de nouvelle interconnexion électrique à très haute tension, d’une capacité de 1400 mégawatts, entre le réseau de transport d’électricité français et celui britannique. La Commission indique qu’ “ à ce jour, le projet de GridLink est marqué par une absence de certitude raisonnable sur ses coûts et bénéfices » pour la collectivité, tandis que « les incertitudes provenant de la sortie du Royaume-Uni de l’UE demeurent fortes ».
La société Oui Energy, est entrée en procédure de redressement judiciaire jusqu’au 1er mars pour son activité de fourniture d’électricité et de gaz, connue sous la marque Planète Oui, en raison de la crise énergétique qui a entraîné une hausse de ses besoins de trésorerie. Ses clients continuent d’être alimentés en énergie malgré la procédure.
En raison des augmentations spectaculaires de l’énergie sur les marchés de gros, la société Bulb, filiale d’un groupe britannique en faillite, a perdu son autorisation de vente d’énergie en France, selon un arrêté publié au journal officiel. La société était une filiale du fournisseur d’énergie Simple Energy, placé fin novembre sous administration judiciaire. Elle signale à ses clients qu’ils allaient être transférés à EDF au tarif réglementé « à partir du 20 janvier », sans risque de coupure.
Tendances des marchés :
Au début du mois de janvier, les prix de l’électricité et du gaz naturel ont baissé respectivement de près de 47% et de 22%. Ce retournement surprenant, vu l’indisponibilité de plusieurs réacteurs nucléaires, est dû à une température plus clémente comparée à la normale et une augmentation des livraisons de gaz naturel liquéfié américain. Les températures exceptionnellement chaudes ont limité la consommation d’énergie totale en France. Le prix asiatique JKM (prix de référence asiatique pour livraison du GNL) ayant fortement diminué, les cargos américains de gaz naturel liquéfié se dirigent désormais vers l’Europe afin de maximiser leurs profits.
Le 4 janvier 2022 le Cal-23 gaz était à 48,38 €/MWh alors qu’il s’élevait autour de 60,48 €/MWh le 22 décembre 2021. En comparant également les deux dates, on se rend compte que le Cal-23 électricité passe de 150 €/MWh à 143 €/MWh.
On notera cependant un rebond des prix de l’électricité sur la fin de semaine du 10 janvier suite aux annonces d’EDF sur l’arrêt non anticipé d’une centrale nucléaire à Penly pendant le premier semestre 2022. La centrale semble être touchée par un problème de corrosion, comme c’est le cas avec celles Chooz et Civaux en Décembre.
En fin de semaine du 17 janvier, l’intensification des tensions géopolitiques entre la Russie et l’Ukraine entraîne une hausse des prix de marché.
A la fin du mois, on note une baisse des prix de l’énergie en Europe dans un contexte de temps doux et venteux.
Les prix du gaz européen pour livraison à court terme ont fortement baissé du fait des prévisions de températures douces et de vents forts dans les prochains jours. Les importations de gaz en provenance de Russie ont sensiblement augmenté et les flux entrants via Nordstream 1 sont à pleine capacité. A cela s’ajoutent de fortes fournitures de gaz naturel liquéfié aux terminaux d’importation européens et des approvisionnements norvégiens stables. Les prix européens de l’électricité ont suivi la baisse des prix du gaz. Gaz comme électricité, les prix pour la livraison sur les années suivantes sont restés plutôt stables.
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